Lors de notre étude portant sur L’élaboration d’une banque de jeu (partie 1 et partie 2) je vous avais laissé avec la promesse de vous enseigner comment faire plus avec moins.
En effet, la partie que nous avions étudié et qui est en vogue dans les casinos français, nous démontrait alors que pour espérer soutirer aux casinos à long terme des montants décents (25 Euros/heure) tout en respectant votre capital de jeu de façon à minimiser vos probabilités de ruine totale (perte de votre banque de jeu), vous devriez être fortement capitalisé. Nous avions estimé que votre banque de jeu devrait être d’environ 2500 unités afin de soutenir un risque de ruine de moins de 2%. Dans notre exemple, une unité de 10 Euros nécessitait donc une banque de jeu de 25 000 Euros.
Les facteurs d’amélioration
Il existe plusieurs façons simples d’améliorer notre espérance au Blackjack. En voici quelques unes.
trouver un casino offrant de meilleures règles
trouver une partie ayant une meilleure pénétration
augmenter l’écart entre ses mises
jouer un minimum de mains où nous ne possédons pas un avantage
Examinons-les une à une.
Trouver un casino offrant de meilleures règles est une bonne solution puisque l’avantage de base ainsi gagné se reflète sur tout notre jeu. Par contre, il peut être fastidieux et souvent couteux en frais de déplacement de trouver de tels casinos. Souvent ses casinos se trouvent à l’étranger, voir outre-mer comme c’est le cas pour les casinos américains qui offrent certainement de meilleures règles que la majorité des casinos européens et assurément mieux que les casinos du Québec ou vice-versa selon le pays que l’on habite. Il vous faudra alors comparer votre espérance de gain et vos frais associés à cette solution pour être en mesure de déterminer s’il est avantageux pour vous de faire le voyage. Référez vous à notre guide concernant les principales règles et la façon dont elles modifient votre avantage.
Pour les joueurs Français, une bonne alternative serait de trouver dans votre région un casino offrant l’abandon hâtif si ce n’est déjà offert dans votre casino local.
Trouver une partie ayant une meilleure pénétration est généralement plus facile et cette solution pourrait même être mise en pratique dans votre casino habituel. Un exemple concret généré à l’aide de BJRM serait le suivant. Pour les règles, 6 decks, S17 et DAS, utilisant un écart de mises de 1-12 (1-2-4-8-12) avec première augmentation à +1, voici comment la pénétration influence votre avantage.
Pénétration de 4/6 : EV = 1.11 SD = 35.40 DI = 3.14
Pénétration de 4.5/6 : EV = 1.71 SD = 39.60 DI = 4.32
Pénétration de 5/6 : EV = 2.53 SD = 43.87 DI = 5.77
Pénétration de 5.5/6 : EV = 3.78 SD = 48.13 DI = 7.85
Remarquez comment votre espérance croit avec la pénétration offerte! Une pénétration de 5/6 vous offre une espérance de 2.28 fois plus grande que celle offerte par une pénétration de 4/6.
De plus, vous remarquerez que le DI (Desirability Index ou Indice d’attirance) augmente aussi dramatiquement. Pour ceux d’entre vous qui ne sont pas familiers avec cet indice, il s’agit du ratio (espérance/volatilité) x 100 ou (EV / SD) x 100 qui sert de comparaison entre différentes parties de Blackjack. Plus votre espérance est grande en comparaison avec votre écart-type et plus votre DI sera grand.
Une comparaison semblable aurait été possible utilisant le concept de SCORE tel que défini par Don Schlesinger dans BJA3 mais celle-ci aurait impliquée des mises optimales différentes pour chaque TC. Je reviendrai éventuellement sur tout le concept du SCORE. (Standardized Comparison Of Risk and Expectation) lors d’une future chronique.
Pour le compteur, rien n’a plus d’influence que la pénétration. Il peut s’avérer très rentable de rechercher la meilleure pénétration possible dans différents casinos avant de s’attaquer à une partie en particulier.
Avec le temps, vous développerez des astuces pouvant influencer le croupier à vous donner une meilleure pénétration lors du placement de la carte de plastique qui détermine à quel point le battage aura lieu.
Augmenter l’écart entre les mises, ici, c’est généralement la mise maximum qui est augmentée et cette solution aura aussi pour effet d’augmenter votre écart-type en terme d’unités (mise minimum). Par exemple, pour un joueur variant ses mises entre 5 et 60 Euros, le passage à une nouvelle mise maximum de 80 Euros pourrait faire augmenter son espérance mais aussi son écart-type. Bien que produisant un DI supérieur, cette dernière méthode pourrait avoir une influence importante sur votre risque de ruine. Il reste toutefois possible d’augmenter votre écart de mises dans l’autre sens, c’est-à-dire en diminuant votre mise minimum si celle-ci n’a pas déjà atteint le niveau minimum de mise permise de la table à laquelle vous jouez. Cette solution nous conduit à notre dernière méthode…
Jouer un minimum de mains où nous ne possédons pas un avantage.
C’est la solution que je vais ici vous suggérer. Cette façon de faire vous assurera d’un maximum d’espérance en proportion relative à notre banque de jeu.
C’est le joueur et auteur américain Stanford Wong qui popularisa ce type de jeu dans les années ‘70. Wong relate avoir employé cette stratégie dans divers casinos avec succès en utilisant la méthode de « flat betting » c’est-à-dire, miser sans jamais varier ses mises. Cette méthode maintenant fort connue des professionnels c’est quelque peu diversifiée et on en retrouve plusieurs variantes. En voici quelques unes.
Le Wong-in : C’est la méthode que Wong employa si bien dans les casinos. Le joueur s’installe à proximité d’une table et tient le compte des cartes dès que le croupier commence à distribuer celles-ci à partir d’un sabot fraichement battu. Losque le compte (TC) atteint un niveau pré-déterminé par le joueur (par exemple +2) celui-ci entre en jeu à la table. Il y placera des mises tant et aussi longtemps que le compte restera au-dessus d’un certain niveau (par exemple +1) s’assurant ainsi de ne jamais placer de mises en situation de désavantage. Théoriquement cette méthode ne requiert aucune variation de mise. Cependant, l’emploi des variations de mises assurera un avantage encore plus grand au joueur.
Le Wong-out : C’est la méthode que je vais vous recommander d’utiliser dans les casinos. Cette façon de jouer, bien qu’étant une variante de la première, m’apparaît beaucoup plus naturelle et facile d’exécution dans des casinos Européens où souvent il y a peu de tables et où il pourrait être difficile de passer inaperçu en attendant le moment opportun d’entrer en scène.
Ici, le joueur s’installe à une table au moment du battage ou à tout le moins avant que le croupier ne débute la première ronde. Le joueur misera dans tous les comptes positifs, neutres et légèrement négatifs. Par contre, si le compte (TC) atteignait une certaine limite minimum (par exemple –1) le joueur ramassera ses jetons et se déplacera vers une autre table de jeu ou trouvera une excuse pour s’absenter de cette table et ce jusqu’au prochain battage évitant ainsi les comptes négatifs trop importants. Une visite aux toilettes est habituellement une bonne excuse. Puisque plusieurs mains seront jouées à comptes neutres ou légèrement négatifs, cette méthode nécessitera une variation dans les mises mais apparaît à notre sens beaucoup plus naturelle, évitant ainsi d’éveiller les soupçons du casino à votre égard.
J’ai ici préparé deux tableaux provenant de simulations effectuées à l’aide du BJRM et dans lesquelles deux parties avec des approches totalement différentes y sont montrées. Vous serez à même de juger des résultats.
Une partie de Blackjack typique y est ici simulée. Les règles étant : 6 decks, S17, DAS et une pénétration de 4.5/6. Dans les deux cas, le joueur utilise un écart de mise de 1-16 (1-2-4-8-16) et la première augmentation des mises se situe à +1.
Résulats
| Toutes les mains jouées : | Espérance pour 100 rondes : 2.26 unités |
| « play all » | Écart type / 100 rondes : 48.33 DI : 4.68 Banque requise pour un RoR de 2% : 2022 unités |
| Méthode du Wong-out : | Espérance pour 100 rondes : 2.73 unités |
| (le joueur quitte à –1) | Écart type / 100 rondes : 47.94 DI : 5.70 Banque requise pour un RoR de 2% : 1647 unités |
Voici comment faire plus avec moins! Le joueur quittant la table lorsque le compte (TC) atteint –1, augmente son espérance de 21%. De plus, la banque requise pour soutenir un risque de ruine (RoR) de 2% ne représente que 81% de la banque « play all » passant de 2022 unités à 1647 unités. Voici comment voir la chose. Pour un joueur ayant une unité de base de 5 Euros et utilisant la méthode no.1, celui-ci devra avoir une banque de 10 110 Euros pour soutenir un RoR de 2% et une espérance de 11.3 Euros / heure. Pour le joueur utilisant la méthode no.2 , une banque de 8 235 Euros seulement lui sera nécessaire pour une espérance de 13.65 Euros / heure.
Dans la prochaine chronique : Faire encore plus ?
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